Pourquoi les montagnes sont-elles très sensibles au réchauffement climatique ?

Les massifs montagneux, ces majestueux géants qui paraissent immuables, sont fragiles et subissent le réchauffement climatique encore plus sensiblement qu’ailleurs. À l’œuvre, les changements s’opèrent d’ores et déjà, fragilisant des écosystèmes vitaux pour les humains. « De petits pas » ne sont plus suffisants pour assurer « un avenir durable » et des scientifiques appellent à un changement en profondeur.

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[EN VIDÉO] Tour de France de la biodiversité : le Parc naturel régional de la Montagne de Reims
  Parallèlement au Tour de France cycliste, le Musée national d’histoire naturelle (MNHN) vous invite pour un Tour de France de la biodiversité. Cette première étape nous conduit dans le Grand-Est, dans le Parc naturel régional de la Montagne de Reims entourant un plateau boisé qui culmine à 300 mètres d’altitude. Ce parc est bordé par les villes de Reims, Épernay et Châlons-en-Champagne, entre la Vallée de la Vesle, au nord, et la vallée de la Marne, au sud. 

Les écosystèmes de montagne fournissent un apport vital à l’humanité. Les montagnes séquestrent le CO2, fournissent de l’eau et de l’air propres, et régulent les crues. Dans le monde entier, elles offrent de quoi subsister à plus de la moitié de l’humanité. Or le dérèglement climatique est particulièrement prononcé en montagne. Le relief très développé des chaînes favorise l’existence de nombreux microclimats, écosystèmes et habitats pour différentes espèces, dont un grand nombre ne vivent qu’en montagne.

Les régions de haute altitude sont susceptibles de se réchauffer beaucoup plus rapidement que les plaines. On a ainsi observé un réchauffement de 0,57 °C par décennie dans les Pyrénées, alors que ce taux n’est que de 0,18 °C dans les plaines françaises. S’il est difficile de prédire avec précision les hausses de température en montagne, on estime que la température annuelle moyenne dans les Pyrénées a augmenté de 2 °C depuis 1970, contre 1,2 °C en plaine. Cette différence ne fera que s’accentuer à l’avenir.

La hausse des températures dans les régions montagneuses influe sur le taux d’enneigement. Elle accélère la fonte des neiges, le recul des glaciers, les réactions biochimiques telles que la photosynthèse chez les plantes et de nombreux processus biologiques et écologiques. Parmi eux, la décomposition et la sédimentation, la minéralisation du carbone organique, ou encore la croissance des organismes. Elle réduit notamment l’intervalle entre l’éclosion des œufs et la métamorphose chez les grenouilles.

Les écosystèmes des montagnes destabilisés

On peut ainsi prédire avec précision que les hausses de température en cours entraîneront de profonds changements écologiques, déstabilisant les écosystèmes de montagne.

Les montagnes européennes ne sont pas les paysages idéaux lointains et vierges que nous imaginons souvent, et beaucoup montrent des signes d’activités humaines séculaires. Dans les Pyrénées, les activités minières ont en grande partie cessé, mais elles se font toujours sentir, sous forme de pollution continue aux métaux lourds. On constate en effet une augmentation des inondations dues au dérèglement climatique, qui libèrent les métaux lourds stockés dans les tourbières.

Dans le même temps, les polluants organiques toxiques sont transportés des basses terres vers les écosystèmes montagneux par voie atmosphérique (évaporation, formation de nuages, vent et précipitations) mais aussi par des activités locales telles que l’utilisation de produits répulsifs par les agriculteurs et les touristes.

Enfin, les espèces de poissons introduites dans les lacs de montagne génèrent des niveaux élevés de mercure, connu pour ses effets négatifs sur le système nerveux des animaux et des êtres humains.

L’impact du dérèglement climatique en montagne. © Axa Research Fund

L’introduction de poissons en montagne provoque également un processus d’eutrophisation, qui gorge les réseaux hydrographiques de nutriments. Conjugué à l’augmentation des températures, ceci entraîne une prolifération d’algues et fait baisser le taux d’oxygène dans les cours d’eau. Les algues en question diffusent aussi des poisons connus sous le nom de cyanotoxines, à des concentrations suffisamment élevées pour provoquer des maladies chez les animaux et les êtres humains.

Le dérèglement climatique en montagne fragilisera les écosystèmes d’eau douce en aval, qui constituent une importante source d’eau potable. On sait que la qualité de l’eau a déjà diminué mais il est difficile de détecter l’ensemble des molécules toxiques dans les échantillons d’eau, et la quantité exacte de toxines dans l’eau potable reste donc indéterminée.

Changement en profondeur

Étant donné que notre santé est inextricablement liée à celle des animaux et de l’environnement, il importe de prendre conscience que les Pyrénées et beaucoup d’autres chaînes de montagnes ne sont pas aussi saines que nous le pensons généralement, et qu’elles pourraient à plus ou moins court terme ne plus nous fournir l’eau potable, l’air pur et les autres apports écosystémiques dont nous avons besoin.

Il faut donc repenser la manière dont nous traitons ces écosystèmes de montagne. C’est pourquoi beaucoup d’observateurs, y compris la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique pour la biodiversité et les apports écosystémiques, appellent à un « changement en profondeur », une notion qui se substitue à celle de développement durable.

Les Pyrénées et beaucoup d’autres chaînes de montagnes pourraient à plus ou moins court terme ne plus nous fournir l’eau potable, l’air pur et les autres apports écosystémiques dont nous avons besoin

Si le « changement en profondeur » va beaucoup plus loin que le développement durable, c’est que nous avons attendu trop longtemps pour faire de petits pas vers un avenir durable et que nous devons à présent faire des progrès beaucoup plus importants.

Ces progrès sont susceptibles d’affecter un grand nombre de personnes. Nous devrons réduire considérablement notre mobilité, modifier nos habitudes alimentaires (en réduisant ou en supprimant entièrement la viande de notre alimentation) et abandonner de nombreux produits de la vie moderne.

Dans le cas des Pyrénées, ce changement en profondeur pourrait se traduire par une restriction de l’accès aux sites fragilisés pour les touristes et les agriculteurs, une réduction de la taille des troupeaux de moutons et de vaches, et une interdiction des insectifuges vétérinaires et humains en montagne.

Pour être efficace, le changement en profondeur devra conduire à une transformation de nos modes de vie, dans tous les domaines. Notre société doit s’adapter pour sauver les montagnes et les apports essentiels qu’elles nous procurent.

Rassemblement de silures  « Silure curieux, venant me rendre visite tandis que l’on distingue derrière lui un rassemblement de silures dans le fleuve Rhône. Ce phénomène spectaculaire qui peut réunir pas loin d’une centaine de poissons constitue la plus importante masse de poissons d’eau douce rassemblés jamais décrite au monde. » Ce phénomène de rassemblement de silures a été filmé et a donné lieu à la première étude scientifique au CNRS. Ce silure glane est le plus gros poisson d’eau douce d’Eurasie, il appartient à la famille des Siluridae qui en compte 16 espèces. Il est considéré comme une des espèces invasives, provenant des eaux du Danube, et introduite dans les années 1980, pour la pêche de loisirs, dite sportive : un spécimen de 2,75 mètres a été recensé en 2017, dans le Tarn. Le silure n’a pas un physique facile. Malgré son caractère plutôt placide, ce mastodonte d’eau douce, dont le poids pour les plus gros peut dépasser les 100 kilos, est surtout un super prédateur qui vit en groupe, au fond des eaux, se cachant sous des branchages ou dans des herbes, en attendant sa proie à la tombée du jour.Son énorme tête plate, représentant un tiers de son poids, porte six barbillons, dont deux très longes et mobiles, qui agissent comme des antennes lui servant à localiser une éventuelle proie, même enfouie sous la vase, ou tout mouvement à 10 mètres. Ce poisson carnassier peut vivre jusqu’à 40 ans et intrigue les scientifiques en raison de sa formidable capacité d’adaptation aux différents milieux qu’il colonise et des évolutions de son espèce : dernièrement, les silures glanes ont été observés guettant des pigeons sur le bord des berges d’une rivière et sortant de son milieu, l’eau, pour les attraper… Un prédateur très opportuniste !© Rémi Masson, tous droits réservés, Futura 

Danse avec les nymphéas  « Éclairées par les rayons du soleil, les fines feuilles des nymphéas révèlent par transparence leurs nervations. Un spectacle étonnant sous la surface d’un petit lac aux eaux si troubles que j’ai bien failli renoncer, à tort, à le plonger. »Ces ombelles flottant dans « l’air liquide » offrent un tableau aquarellé, fascinant de beauté. Une immersion au cœur d’un aquarium géant… Les tiges souples des nymphéas dessinent d’ondulantes arabesques, comme une danse indolente sur variations en eaux calmes. Sous cet angle de prise de vue, elles semblent former une voûte aquatique, tapissant la surface de l’eau. Rémi Masson a su capturer de véritables tableaux vivants, graphiques, qui ont été source inépuisable d’inspiration pour les artistes, donnant naissance aux célèbres cycles des Nymphéas de Claude Monet.Ces plantes aquatiques ont à la fois des organes submergés et flottants (semi-aquatiques). Il en existe de nombreuses variétés sous le nom de nénuphar mais n’appartenant pas tous à la même famille des Nymphéacées. Celles-ci sont du genre Nymphoïdes, de la famille des Menyanthaceae, un faux nénuphar. Elles se trouvent dans les lacs, les mares et les zones humides. Ce sont des producteurs primaires de matières organiques, d’habitats, de lieux de refuge et de reproduction.© Rémi Masson, tous droits réservés, Futura 

Quand le brochet est à l’affût  « Prédateur chassant à l’affût parmi la végétation aquatique, le brochet se laisse approcher tant qu’il se croit invisible. »Le brochet (Esox lucius) est, lui aussi, un poisson carnassier, vivant dans les eaux douces ou saumâtres de l’hémisphère Nord. Il apprécie un environnement densément peuplé de plantes aquatiques. Partiellement protégée, l’espèce est vulnérable et menacée en France ; elle est en régression en raison de son biotope dégradé, ne lui permettant pas de se reproduire, ou d’une pêche abusive. Le brochet est un chasseur solitaire, aux attaques très vives, qui peut vivre 20 ans.Le roi des lacs doit son nom à son corps allongé et son museau pointu dont la mâchoire est suréquipée de 700 dents ! Il est capable d’engloutir des prises équivalentes à la moitié de son poids. Et il ne néglige aucune proie : canetons, souris, rat musqué… Il se plait dans les rivières calmes, à courant lent, fleuves, étangs et lacs riches en végétation. Il est très apprécié par les pêcheurs pratiquant la pêche sportive pour sa « combativité » et il n’est pas rare de capturer de sujets de plus d’un mètre. La réapparition du castor contribue à restaurer son habitat, les lieux de fraie (frayères), et favorise la croissance des alevins.© Rémi Masson, tous droits réservés, Futura 

Les yeux de braise d’un couple de crapauds  « Couple de crapauds photographiés sous l’eau au moment de la reproduction au printemps, entourés de leurs chapelets d’œufs. »Drôle de bestiole que cet amphibien terrestre, peu gracieux, avec sa peau recouverte de pustules. Bufo bufo est le crapaud le plus commun d’Europe, il se reconnaît à sa pupille horizontale, extensible, dont la vision nocturne est très performante.À l’heure des amours, le crapaud n’a qu’une obsession : rejoindre l’eau. Il est en général fidèle… à son lieu de reproduction — forcément un milieu aquatique— qu’il rejoint fissa dès que l’heure de l’accouplement a sonné. Les mâles sont ainsi quelques centaines à avoir le même objectif et la première femelle alentour est rudement convoitée. Il est ainsi fréquent de voir plusieurs prétendants s’accrocher à dame crapaud dont la taille imposante, permet d’être aussi accueillante. La nature a donc équipé les mâles de crampons, appelés des callosités nuptiales. Le vainqueur est celui qui résistera aux coups de patte de ses adversaires. L’accouplement peut durer des heures.L’habitat de ce batracien est très varié pourvu que ce soit une zone humide, et ce, jusqu’à 1.500 mètres d’altitude. Il est surtout actif la nuit, et plus discret que la grenouille, dont il diffère par son allure plus trapue, et avec ses membres inférieurs plus courts. Le crapaud se nourrit d’insectes qu’il attrape avec sa langue gluante. Peu de prédateurs s’attaquent au crapaud dont la peau sécrète des substances toxiques (bufotoxines). La médecine chinoise utilise ses propriétés pour soigner certains maux. Au Moyen Âge, il incarnait le diable, symbolisant la luxure. Aujourd’hui, l’assèchement des zones humides, la déforestation et les pesticides menacent cette espèce classée parmi les espèces à surveiller.© Rémi Masson, tous droits réservés / Futura 

Un bras mort du Rhône plein de vie  « Les anciens méandres du fleuve Rhône, appelés bras morts, encore alimentés par la nappe phréatique se présentent comme de petits lacs aux eaux souvent très claires. La végétation aquatique y est très diversifiée et permet à nombre d’espèces de s’y développer, contrairement à ce que pourrait laisser penser leur nom. » Le Rhône est un fleuve puissant qui prend naissance dans les Alpes suisses. C’est alors un torrent, qui dévale et traverse le lac Léman. Il se jette dans la Méditerranée dans le paisible delta de la Camargue. Il court sur 812 km dont 522 en France. Depuis la terrible crue de 2003, les autorités publiques ont entrepris de réaménager le Rhône dont les eaux restent difficiles à dompter et de valoriser la richesse naturelle de ses bras morts ; certains sont d’anciens tracés du fleuve, ont donné naissance au fil des siècles à des marais, des prairies marécageuses ou des étangs.Ces bras morts sont bien vivants, grouillants d’une vie insoupçonnée et à protéger. Lorsqu’ils ne sont pas asséchés ou souillés de détritus, ils sont en général des milieux très riches en biodiversité. Ils contribuent à enrichir les écosystèmes fluviaux environnants et constituent des bassins où des espèces pionnières (premières formes de vie) peuvent s’y développer en offrant un refuge. Ces méandres favorisent la colonisation par des espèces nouvelles ou disparues de ces lieux de vie.Du fait de l’activité humaine, ils disparaissent peu à peu. À ce titre, le Rhône fait l’objet d’une réhabilitation pour améliorer la qualité de ses eaux et diversifier ses habitats. De nombreuses zones humides sont aujourd’hui labellisées Espaces naturels sensibles abritant des espèces rares floristiques ou faunistiques, comme la tortue Cistude d’Europe, la Rainette verte. Ces méandres rhônalpins sont aussi des éponges naturelles lors des crues, permettant également de recharger les nappes souterraines ou tout en filtrant naturellement l’eau.Méfions-nous de l’eau qui dort, elle est bien plus vivante qu’on ne le pense !© Rémi Masson, tous droits réservés, Futura 

L’écrevisse signal, une beauté fatale  « Espèce introduite originaire d’Amérique du Nord, l’écrevisse signal est le plus gros crustacé de nos eaux douces. On la rencontre notamment dans le lac d’Annecy et le lac Léman ». Dans l’eau, l’écrevisse se trouve jusqu’à dix mètres de profondeur, elle niche à proximité de galets, d’un amas de cailloux ou de graviers qui constituent son terrier et dénotent sa présence. Peuplant les rivières d’eau fraîche et pure, leur présence est gage de bonne qualité des eaux. Dans la chaîne du vivant sur Terre, l’écrevisse joue son rôle. Avec ses pinces à même de creuser des galeries, elle effectue un travail de transformation des matières organiques grossières en particules organiques plus fines que les minuscules détrivores se chargent d’absorber et de recycler.Malheureusement, en France, les espèces natives sont en régression, justement en raison de la dégradation des milieux aquatiques, car elles sont très sensibles à la pollution. Les espèces indigènes comme l’écrevisse des torrents, l’écrevisse à pieds blancs, l’écrevisse à pattes rouges, sont d’autant plus menacées d’extinction car elles sont aussi victimes de la concurrence « déloyale » d’espèces exotiques, plus agressives et résistantes aux infections.L’écrevisse signal, ou écrevisse de Californie, aussi belle que redoutable, en fait partie. Peu exigeante quant à la qualité des eaux, elle a engendré de profonds déséquilibres biologiques. Elle a été introduite en France dans un but commercial, pour remplacer l’écrevisse à pieds rouges, décimée par une maladie. Dotée d’une capacité d’adaptation étonnante, elle a rapidement pris ses aises, devenant une espèce invasive en quelques décennies. Aujourd’hui, des actions concertées sont menées pour procéder à une meilleure gestion quant à la réintroduction des écrevisses dans un milieu naturel.© Rémi Masson, tous droits réservés, Futura 

Les algues filamenteuses ou Halloween lacustre  « Algues filamenteuses ondulant dans les eaux limpides d’une résurgence ». Au ras de la surface de l’eau, un monde irréel se découvre, voilé de particules, microalgues en suspensions, comme figé dans un espace hors du temps. Dans quel univers sommes-nous ? Celui de Vingt-mille lieux sous les mers ou sommes-nous conviés à une « Halloween lacustre party » ?Au fond des lacs de montagne, le monde végétal se résume souvent à un tapis d’algues filamenteuses. Celles-ci s’accrochent à des substrats solides et s’agglutinent pour former un amas. Elles sont indispensables à l’écosystème aquatique et servent de nourritures aux organismes vivants. Ces algues d’eau douce jouent un rôle essentiel en tant qu’éléments du phytoplancton et contribuent à l’oxygénation de l’eau via la photosynthèse.Dans un environnement plus chaud, elles peuvent se développer et proliférer en eaux stagnantes, certaines des algues d’eau douce peuvent aussi devenir toxiques. Leur prolifération peut être aussi la conséquence de l’eutrophisation. Dans les lacs d’Annecy, du Bourget et Léman, de sévères mesures ont été prises pour lutter contre ce phénomène : un milieu aquatique trop enrichi et saturé en éléments fertilisants (azote, phosphore) aurait pour conséquences de bouleverser les conditions de reproduction et l’alimentation des poissons.© Rémi Masson, tous droits réservés, Futura 

Paysage sans vie dans un bras mort du Rhône  « Émanation de sulfure d’hydrogène liée à l’activité de bactérie dans un bras mort du fleuve Rhône. Je nage dans un décor étrange où toute vie semble avoir disparu. »Dans un environnement sans plantes aquatiques, ne libérant pas d’oxygène, il est difficile de survivre. Ce phénomène résulte de la décomposition bactérienne de la matière organique dans des environnements pauvres en oxygène. En se décomposant, les algues sont à l’origine d’accidents mortels.Ces mystérieux accidents dûs aux algues vertes, survenus en Bretagne avaient défrayé la chronique et avaient semé la panique : un cheval mort sur une plage, un cavalier sauvé de justesse, des sangliers échoués sur le sable… Les importantes quantités d’hydrogène sulfuré restées captives dans les poches des algues dégagent en se libérant un gaz toxique et fatal à haute dose.© Rémi Masson, tous droits réservés, Futura 

Castor d’Europe, l’infatigable bâtisseur  « Plus gros mammifère d’eau douce d’Europe, le castor fait souvent preuve de curiosité face au plongeur. Le rencontrer sous l’eau demande cependant du temps car il ne sort qu’à la tombée de la nuit et sait se faire discret. »Tombé nez à nez avec un castor, c’est faire connaissance avec un hyper actif du BTP, un ingénieur, à la fois infatigable bûcheron et architecte. Castor fiber est capable de construire des digues et des barrages avec des branchages entrelacés, défiant l’imagination. Chaque famille de castor possède son grand lac artificiel dont les parois restent parfaitement étanches. Son habitat, à proprement parler, est composé de deux niveaux : le premier pour se sécher, le second étant sa couche, est maintenu au sec avec des copeaux qu’il renouvelle régulièrement. Cependant, l’entrée de son terrier est immergée et maintenue sous le niveau de l’eau. Les siphons souterrains peuvent atteindre 10 mètres de long.Prévoyant, il veille à ce qu’elle ne soit pas obstruée par la glace en période de grands froids. Raison aussi pour laquelle, cet herbivore entrepose très en profondeur ses stocks de bois et de branchages pour les préserver du froid. Ses dents de rongeur lui permettent de débiter un tronc d’arbre d’un diamètre de 30 à 40 cm, en une nuit ! Par ces actions incessantes et les micro-canaux qu’il creuse, le castor contribue à maintenir et développer une biodiversité aquatique. Il ne faut pas confondre ce rongeur avec le ragondin, ou le rat musqué ni avec le castor du Canada. Il peut vivre plus de quinze ans et quand un couple se forme, c’est pour la vie. Il se montre protecteur en famille et vit en groupe. Son mode de communication est très élaboré : odeurs et postures, petits cris, claquements de dents et de queue.Avec l’Allemagne, la France est le seul pays de l’Europe de l’Ouest à avoir conservé sa population naturelle de castor. Classée espèce à surveiller, le castor, avait quasiment disparu de France jusqu’au XIXe siècle, pourchassé pour sa fourrure et sa chair (le ragoût de castor est toujours un plat lithuanien et au XVIIIe siècle, les moines rhônalpins fabriquaient du saucisson de castor !). Au début du XXe, les opérations de réintroduction se sont succédées et ont permis une lente recolonisation sur les bassins d’origine. Sur les rives du Rhône, le castor a pu se maintenir, profitant des bras morts du fleuve et d’une végétation fournie.© Rémi Masson, tous droits réservés, Futura 

Plongée sous la glace  « La carapace de glace peut atteindre plusieurs mètres d’épaisseur. En dessous se dévoile un décor lunaire. »Il existe différentes typologies de lacs de montagne. À partir de 2.620 m d’altitude, les lacs sont appelés lacs polaires et sont recouverts de glace 10 mois de l’année et plus. En été, la température maximale ne dépasse que rarement les 5°. Forcément, les lacs de haute altitude sont des milieux pauvres en nutriments essentiels au développement d’une faune et d’une flore aquatique, leurs caractéristiques sont d’être dépourvus de végétation et de vie animale. Ils ont souvent une apparence laiteuse, due à la forte concentration en matière minérale en suspension.Les lacs dits froids, bien qu’encore soumis à de rudes conditions climatiques à 2.430 m, ne restent gelés que 8 mois de l’année, et la température atteint 9 °C au plus chaud de l’été. Peu minéralisés, ils se distinguent par des eaux très limpides.Contrairement aux lacs de basse altitude ou autres plans d’eau, les lacs de haute altitude subissent une inversion de la stratification de leurs eaux sous la couche de glace : les eaux froides sont au plus près la surface tandis que les eaux plus denses et plus « chaudes » tombent au fond.© Rémi Masson, tous droits réservés, Futura 

En route pour l’exploration d’un lac de montagne  « Dans les lacs de haute montagne, les conditions de vie sont extrêmes. Gelées la majeure partie de l’année, leurs eaux ne se libèrent de l’emprise de la glace que le temps d’un court été. »Un peu plus bas, à 2.100 m d’altitude, en montagne, au milieu des herbes folles, et sur un relief moins accidenté, les lacs dits de pelouse sont plus riches en substances dissoutes, et constituent donc des milieux mieux disposés pour accueillir les formes de vie. N’étant gelée que durant 7 mois, la température de l’eau peut grimper à 12 °C, une relative douceur qui permet une production d’éléments nourrissants contenant phosphore et azote.Les berges des lacs sont plus susceptibles de développer la vie, la lumière qui peut toucher les fonds peu profonds permet aux plantes aquatiques de s’enraciner. Ces lacs sont alors largement ceints d’une couronne végétale aérienne et immergée et sont des habitats idéaux pour la reproduction des poissons. Plus les eaux deviennent profondes, plus la flore devient microscopique et uniquement planctonique.À 1.820 m d’altitude, viennent ensuite les lacs verts, appelés ainsi en raison de leur grande production de matière organique en suspension qui leur donne cette couleur. Bien sûr, l’eau y est encore plus tiède (15 °C). Au bout de quelques milliers d’années, ils sont comblés par les couches de sédiments successives et l’enrichissement en matières organiques. Ils sont appelés alors lacs de tourbière. © Rémi Masson, tous droits réservés, Futura 

L’indispensable herbier subaquatique  « Les grands herbiers qui se développent en bordure des lacs alpins, ici le lac d’Annecy, offrent abris et nourriture à toute la faune du lac. Leur présence et leur maintien sont donc indispensables à toute vie aquatique. »Émergée, flottante ou immergée, la flore du lac d’Annecy se compose d’une trentaine d’espèces, recensée selon la captation et la diffusion de la lumière en profondeur. Les algues d’eau douce sont présentes jusqu’à 20 m de profondeur. En réduisant les effets mécaniques des mouvements d’eau, ces masses de végétaux aquatiques, peuvent ralentir les phénomènes d’érosions des berges.Les herbiers subaquatiques, qui prospèrent abondamment sous la surface de l’eau, sont à la base de la chaîne alimentaire, du zooplancton aux poissons. Ils utilisent pour leur croissance les minéraux dissous dans l’eau ou ceux présents dans les sédiments. Les herbiers jouent un rôle important pour les alevins : riches en plancton, ils les préservent aussi des prédateurs. De nombreux herbiers de characées denses tapissent le sol et sont appréciés des mollusques et petits crustacés, le brochet vient s’y reproduire. La présence des Hippuris vulgaris (photo) est un bon indicateur de la qualité de l’eau, ces plantes aquatiques supportant mal la pollution. Certaines plantes, comme les potamots perfoliés, s’enfoncent jusqu’à 5 m de profondeur et peuvent atteindre 2 m de haut.© Rémi Masson, tous droits réservés, Futura 

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