#Busquetssurlebanc : Pour Xavi, abattre Busquets, c’est abattre son propre système de croyances

Vicente Del Bosque n’a jamais été un homme de déclarations chocs. Le visage impassible, caché derrière sa sempiternelle moustache, l’ancien sélectionneur de la Roja avait le don de conférer à ses propos une réconfortante monotonie. Sur ces huit années de mandat, il y a toutefois une déclaration en Espagne dont tout le monde se souvient. La sélection vient de se faire avoir par la Suisse en ouverture de son Mondial sud-africain, et les critiques pleuvent de toutes parts, en particulier sur un joueur : Sergio Busquets.

Trop lent, copie inutile de Xabi Alonso, corps étranger dans cette équipe, Busquets est devenu soudainement l’homme à abattre. Mais alors que la cote du joueur est au plus bas, Del Bosque coupe court. “Si moi j’étais joueur, j’aimerais ressembler à Sergio Busquets“, déclare Don Vicente. Douze ans plus tard, le natif de Sabadell a beau disposer des mêmes soutiens publics que par le passé (entraîneurs, coéquipiers, collègues de profession) quelque chose sonne faux.

Busquets lors d’Italie – Espagne

Crédit: Getty Images

En 2022, des chiffres à la hauteur

Il a suffi d’un hashtag sur Twitter pour mettre le feu aux poudres : #BusquetsAlBanquillo (ndlr : #Busquetssurlebanc). Originaire du monde arabe, cette revendication de mise au banc du capitaine blaugrana a pris une telle ampleur, que tout l’establishment catalan s’est senti obligé de réagir avec plus ou moins de modération. Certains accusent tout bonnement les fans étrangers de n’avoir aucune légitimité dans le débat. “Que des gens qui n’ont jamais mis les pieds au Camp Nou de leur vie donnent des leçons de barcelonisme et organisent des campagnes contre notre capitaine, ça non“, s’insurgeait Guillem Borràs, un journaliste catalan.

Message subliminal, pas touche à nos symboles. En retour, les fans internationaux reprochent aux Catalans le protectionnisme dont ils (et Xavi) font preuve à l’égard des leurs. Et pendant que la communauté de fans du Barça se déchirait sur ce que signifie d’être culé et sur la réelle portée de l’activisme en ligne, le débat au sujet du joueur restait en suspens. Busquets doit-il perdre sa place ? Lors du dernier Clásico, le joueur de 33 ans a dispensé un football des plus tristes. Une perte de balle qui finit sur un but de Vinicius, imprécisions dans le jeu long, mésententes avec ses coéquipiers, et bien entendu, des retours défensifs sur lesquels le monde semble tourner trop vite pour lui.

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Même son ombre semble par moments trop lourde à trimballer. Malheureusement pour sa personne, le pivot azulgrana fait partie des joueurs dont les réussites passent inaperçues alors que les erreurs sont visibles depuis l’espace. À l’heure de faire avancer le jeu, Busi fait toujours partie des meilleurs milieux d’Europe. Les passes vers l’avant et les passes dans le derniers tiers, pas d’inquiétude, il reste un maître en la matière. Il ne perd d’ailleurs pas plus le ballon que lors des dernières saisons, réussit plus de pressions et de tacles qui permettent de récupérer le ballon. Mais ça, personne ne le remarque.

Le contexte, une explication simpliste

À la vue de ces énumérations statistiques, on pourrait croire que l’absolution de Busquets par le tribunal du jeu est une évidence. Lui joue son football comme il l’a toujours joué et aux problèmes de son équipe, il n’y peut pas grand-chose. C’est bien connu, l’enfer, c’est les autres. Xavi lui-même a soutenu cette thèse avant son retour au bercail. “Busquets dans un bloc qui presse haut, il est fondamental. Mais Busquets dans de grands espaces, c’est l’un des joueurs les plus lents physiquement. C’est pour ça qu’il faut l’utiliser dans un bloc“, disséquait il y a quelques mois l’entraîneur du Barça.

Sergio Busquets avec Xavi

Crédit: Getty Images

Leçon de cruyffisme parfaitement apprise, félicitations et même émotions chez le jury, c’est un 19/20 (un 20/20 aurait été obtenu si l’élève avait glissé une petite référence à la théorie de Cruyff sur les tables et le restaurant, souvent contée par Guardiola) ! Cette explication est souvent mentionnée pour comparer les performances de Busquets avec la sélection et le Barça. Dans le collectif cohérent de Luis Enrique, l’étoile numéro 5 scintille, dans le collectif en perdition de son club, elle encourt une totale calcination. Comme pour expliquer les propos outranciers d’un politicien, c’est une question de contexte, voilà tout. Pourtant, malgré l’indubitable effet qu’il produit sur son auditoire, ce raisonnement oublie de mentionner un élément somme toute décisif.

Que se passe-t-il si sur la balance coût-bénéfice, se plier en quatre pour tenter d’offrir ce fameux contexte propice à Busquets rend l’équipe déficitaire ? Que se passe-t-il si dans la tentative de faire briller Busquets, le Barça fragilise d’autres joueurs ? “Busquets est un joueur incroyable, mais il a besoin de beaucoup de protection. S’il doit couvrir beaucoup de champ, cela conditionne toute l’équipe, et aussi De Jong“, avançait un Ronald de Boer irrité dans les colonnes d’El País.

Mis dans de bonnes conditions, le capitaine fait toujours partie des meilleurs à son poste, soit. Problème, ces conditions, le Barça semble incapable de les lui offrir. En voulant attaquer avec le ballon, en groupe, en camp adverse, il finit par exploser en cours de route face à des plans de jeu bien travaillés. Pas assez de qualité en sortie de balle, pas assez de qualité pour faire mal à un adversaire regroupé dans sa partie de terrain, pas assez de talent pour créer des différences sur les ailes, pas assez de certitudes pour vivre allégrement avec 60 mètres de vide en contre-bas. Et ça, Xavi est le premier à le savoir.

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Un équilibre fantasmé ?

Si Xavier Hernández est un grand admirateur du City de Guardiola, pour l’instant son Barça ressemble plus à une équipe du Guardiola de 2009 qu’à une équipe du Gurdiola de 2022. Le Barça actuel prépare moins ses actions, est plus vertical dans le derniers tiers quand il faut conclure et ses lignes sont plus distendues que le Barça auquel on s’attendait sous Xavi. Faute de disposer de la qualité suffisante pour resserrer progressivement l’étreinte sur l’adversaire avec toujours une passe de plus, encore une passe de plus, ce Barça-là cherche régulièrement (si possible) à éviter les embouteillages synonymes de possessions en U fatales. C’est d’ailleurs avec cette idée d’agressivité en tête que l’on peut analyser les arrivées d’Aubameyang et d’Adama Traoré, deux joueurs moyennement aptes à tolérer les exigences du jeu de position façon Guardiola 2022.

On voit bien ici la façon dont Xavi est tiraillé entre faire ce qui est le mieux pour Busquets en espérant que cela rejaillisse sur le reste de l’équipe et faire le mieux pour le reste de l’équipe en espérant que cela ne rejaillisse pas trop sur Busquets. Parfois, l’entraîneur catalan trouve l’équilibre. Parfois, ce conflit de loyauté a raison de lui. Et il faut dire qu’il n’existe pas non plus de solution évidente à ces problèmes. Frenkie de Jong est l’antithèse de son aîné. Le jeu du néerlandais est fait de libertés, de longues montées balle au pied aux dénouements imprévisibles, de dispersions. Busquets, lui, c’est l’ordre, le métronome, le football joué dans 25 mètres carrés.

De Jong en pivot dans un 4-3-3, cela demanderait à Xavi de déchirer les pages du manuel du bon petit mediocentro barcelonais. Pas sûr qu’il y consente… Nico González alors ? Contre toute attente, le jeune de la Masía est meilleur en relayeur qu’en sentinelle. Changer de système pour permettre à ses deux milieux de cohabiter ? Peut-être est-ce la solution la plus prometteuse. La plus réaliste aussi : Xavi dans les parages, Busquets n’ira pas sur le banc. Au-delà des liens personnels unissant les deux hommes, pour Xavi, abattre Busquets, c’est abattre le représentant ultime d’une certaine façon de jouer au football. Pour Xavi, abattre Busquets, c’est abattre son propre système de croyances.

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