Haron, mis à la porte du Drug Opéra pour sa tenue : “Je ne vois pas pourquoi je serais moins important que les autres clients” (Mise à jour)

Haron Zaanan est mannequin. Ce dimanche soir, il (c’est le pronom qu’il utilise) se rend au Drug Opéra, un restaurant bien connu du centre-ville, avant de commander le dessert, l’institution a demandé à Haron de se couvrir… ou de partir.

En tant que membre de la communauté LGBTQIA+, Haron a malheureusement l’habitude des insultes, remarques, voire agressions dans les rues de Bruxelles, comme sur les réseaux sociaux. Mais ce dimanche soir, c’est la première fois qu’on lui a demandé de changer son apparence pour accéder à un bien ou un service. Le mannequin se rend au Drug Opéra, un restaurant du centre-ville, accompagné de sa sœur.

Au moment de passer à table, Haron laisse tomber sa veste, “tout le monde avait bien vu que je portais une robe”. Celle-ci laisse ses épaules nues, un détail qui deviendra pourtant le point de discorde. Haron se sent regardé par les autres clients, mais en a l’habitude.

Lorsqu’il s’attend à passer commande pour le dessert, c’est la soupe à la grimace. Le serveur lui demande de remettre sa veste pour couvrir son dos, des clients auraient émis des critiques à son égard. “Si ça gêne d’autres clients, c’est leur problème, ils peuvent partir. Je ne vois pas pourquoi c’est moi qui devrais le faire, je ne vois pas pourquoi je serais moins important que les autres clients.” Furieux, il demande à parler au gérant, mais n’ayant pas trouvé terrain d’entente, et se sentant humilié, décide de partir plutôt que de se revêtir, en laissant l’addition pour le compte de la maison.

Faire sauter le tabou

Bruxelles a encore du chemin à faire concernant l’inclusion des minorités de genre. En 2020, l’Institut pour l’Égalité des Femmes et des Hommes (IEFH) recensait 11 % des plaintes concernant des discriminations envers des personnes transgenres. Si les vidéos postées sur les réseaux sociaux ne permettent pas à l’IEFH de se positionner clairement, l’institut affirme que cette situation “pourrait faire l’objet d’une plainte”, ce que le mannequin non-binaire compte faire.

Bien qu’il ne se sente pas en sécurité à Bruxelles, Haron a foi en la marge de progression de la capitale en ce qui concerne l’inclusion. “Il faut de l’éducation, ce sont des sujets dont on ne parlait pas il y a cinq ans. C’est l’évolution, il faut apprendre.” L’institut conseille à toutes les victimes de discriminations d’en parler “pour faire sauter le tabou”. Les victimes peuvent contacter l’IEFH pour un suivi, des conseils gratuits. L’association Genres pluriels peut également aider les victimes.

Le mannequin rencontrera Philippe Close ce mardi. Contacté, le Drug Opéra n’a pas souhaité réagir.