Parmi les multiples facteurs de la pollution de l’eau des fleuves et des rivières, il en est un dont les effets sont délétères sur la biodiversité. Les résidus des médicaments absorbés puis rejetés dans les eaux usées modifient, agressent ou tuent la faune aquatique. En étudiant 258 rivières réparties sur 104 pays, de tous les continents, représentant l’empreinte pharmaceutique de 471,4 millions de personnes, une étude a dressé un premier état des lieux mondial de ce problème de santé publique et environnemental.
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[EN VIDÉO] Interview 2/5 : la pollution de l’eau est très diversifiée L’eau est une denrée que nous consommons quotidiennement. Elle est essentielle à notre survie, mais sa qualité est inégale à l’état naturel. Philippe Hubert, directeur des risques chroniques de l’Ineris, nous parle des polluants qui peuvent être véhiculés par l’eau.
Les médicaments que nous prenons ont un impact sur la Planète, en particulier sur les fleuves et les rivières. C’est ce que dévoile une vaste étude réalisée dans 104 pays sur tous les continents. Les chercheurs de l’université d’York (Royaume-Uni) ont passé au crible 258 rivières et fleuves, dont l’Amazone, le Mississippi et le Mékong, dans le but très précis de mesurer le niveau de pollution généré par la production et la consommation de médicaments.
Les résultats des analyses (1.052 échantillons au total issus de 258 rivières réparties sur 104 pays) ont démontré que la majorité des cours d’eau est contaminée par des résidus médicamenteux qui se déversent dans les eaux usées et à terme dans les fleuves et dans les rivières. Selon l’étude, un quart des sites examinés présente des niveaux de pollution potentiellement dangereux pour les espèces aquatiques qui vivent dans ces rivières.
Le premier état des lieux de la pollution médicamenteuse
Les substances responsables de cette pollution sont nombreuses : 61 composés chimiques médicamenteux ont été identifiés. Ils proviennent de traitements fréquemment administrés, tels que les antibiotiques, les analgésiques, les anti-inflammatoires, les antidépresseurs, les stimulants, etc.
Parmi les régions les plus polluées, on trouve notamment les pays à faibles revenus où sont situées les usines de production et où le traitement des eaux usées et des déchets est encore peu développé. C’est particulièrement le cas au Pakistan et en Bolivie. Seuls les cours d’eau situés en Islande et dans un village Yanomami au Venezuela semblent relativement épargnés par cette pollution médicamenteuse.
« Cette étude a permis, pour la première fois, de faire un état des lieux représentatif de la pollution médicamenteuse des rivières dans le monde, en incluant de nombreux pays pour lesquels peu, voire aucune information n’était disponible. Cette approche pourrait être appliquée à l’avenir à d’autres types d’environnement comme les sols, ou encore les organismes vivants, afin de développer des réseaux internationaux de surveillance de la pollution », pointent les auteurs de la recherche dans un communiqué.
Médicaments dans l’eau potable : des risques pas encore mesurés
Les stations d’épuration ne parviennent pas à éliminer tous les médicaments qu’elles doivent traiter. Certaines de ces molécules actives repartent dans le circuit et sortent de nos robinets. Problème : on ignore encore les conséquences pour notre santé.
Article de Destination Santé, publié le 15 janvier 2013
De nombreuses études ont déjà confirmé que les stations d’épuration étaient inadaptées à l’élimination de nombreuses substances chimiques. Elles sont incapables par exemple, d’éliminer toute trace de principes actifs de médicaments, souvent présents dans les eaux usées. Le risque de retrouver des résidus de certaines molécules thérapeutiques dans l’eau de boisson est donc réel. Selon un article paru dans la revue Prescrire, les effets de ces pollutions sur la santé humaine restent obscurs.
Qu’elles soient utilisées en médecine humaine ou vétérinaire, bien des substances pharmaceutiques sont en partie rejetées dans l’environnement après consommation. Éliminées par voie urinaire ou fécale, elles partent ensuite dans les eaux usées soit sous leur forme active initiale, soit sous forme de substances dérivées. Or, les stations d’épuration n’éliminent pas complètement les médicaments. Leur efficacité est variable selon les procédés de traitement mis en œuvre, et elle reste assez faible pour certaines substances.
Des médicaments non traités dans l’eau potable
Beaucoup de recherches, tant en France qu’à l’étranger, ont mis en évidence la persistance de résidus de médicaments dans les eaux usées, les eaux traitées, voire dans l’eau potable. Comme l’indiquent les rédacteurs de la revue Prescrire, « le risque environnemental et sanitaire lié à la présence de micropolluants dans les eaux, dont les médicaments, est encore mal connu. Des effets de cette micropollution ont été observés sur certaines espèces aquatiques, notamment une féminisation de poissons mâles. Fin 2012, aucun effet sur les humains n’est encore connu ».
« Sans attendre que des risques avérés soient démontrés, la présence de médicaments dans les eaux usées et leur persistance après traitement sont des raisons supplémentaires de s’efforcer à réduire les rejets de médicaments », soulignent les auteurs. Selon eux, il conviendrait « d’éviter la surconsommation et d’encourager le retour des médicaments non utilisés en pharmacie ».
En effet, trop d’utilisateurs jettent les médicaments inutilisés dans leurs toilettes et provoquent ainsi des pollutions aux effets sérieux. Il est bon de savoir également que cette recommandation ne vaut pas que pour les médicaments. Elle est également justifiée pour tous les produits chimiques, qu’il s’agisse de produits d’entretien ou de bricolage.
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